Cap Moderne : la préservation d’architectures mythiques du temps de Le Corbusier

Roquebrune-Cap-Martin, village de la Côte-d’Azur situé en face de Monaco, possède un riche héritage architectural réunissant la Villa E-1027 d’Eileen Gray, Le Cabanon de Le Corbusier, le bar-restaurant l’Etoile de Mer et les Unités de Camping de le Corbusier, un ensemble de 2970 m2 baptisé « Cap Moderne ».

La petite histoire qui marque l’Histoire de Roquebrune-Cap-Martin

Cap Moderne est né de trois artistes qui ont fait réalité de leur vision d’un lieu de vie agréable et architecturalement innovant pour leur époque. La créatrice irlandaise Eileen Gray, avec l’aide de son compagnon Jean Badovici, architecte et critique d'art français d'origine roumaine connu pour avoir édité le magazine d'avant-garde architecturale, L'Architecture vivante de 1923 à 1932, fut la première à penser et faire construire entre 1926 et 1929 sa « maison en bord de mer » nommée Villa E-1027. E pour l’initiale de son prénom, 10 pour la position du J de Jean dans l’alphabet, 2 celle du B de Badovici, et 7 du G de Gray.

En 1949, sur la parcelle à côté, ouvrit le bar-restaurant « l’Etoile de mer », autre architecture novatrice, dont Le Corbusier était un fidèle client.

Le célèbre architecte-peintre suisse construisit trois ans plus tard, en 1952 Le Cabanon. Bien que petit en surface (moins de 4 mètres sur 4), Le Corbusier s’y sentait véritablement bien et y vécut des années heureuses avec sa femme Yvonne. Le Cabanon est parsemé de nombreuses peintures de l’artiste.

Le Corbusier ajouta au paysage les Unités de Camping au milieu des années 1950.

Pourquoi ce fut innovant

A l’édification et l’aménagement de chacun de ces chefs-d’oeuvres du paysage de Roquebrune-Cap-Martin, Eileen Gray, Jean Badovici et Le Corbusier étaient de véritables précurseurs en exprimant leur créativité et en laissant de côté les tendances de l’époque. Eileen Gray, a eu l’idée pour sa villa, bien qu’assez petite, d’y installer des meubles amovibles afin d’épurer les pièces, en alliant savamment simplicité et technicité. Le Corbusier était plus, lui, dans l’expressivité aboutissant à la représentation d’une Dolce Vita colorée. Il passa sa vie entière à peindre des œuvres, notamment des natures mortes et des figures féminines faisant référence à sa bien-aimée Yvonne, toujours visibles dans Le Cabanon.

La préservation du site et sa restauration

De gros travaux de rénovation ont été entrepris dès mai 2015 afin de préserver les lieux. La villa E-1027, dont les fondations se fragilisaient, a été rénovée sous la direction de Pierre-Antoine Gatier. Quant au Cabanon, la toiture et les murs en bois ont bénéficié de travaux d’étanchéité et la peinture a été rafraîchie. Les visiteurs doivent encore être prudents lorsqu’ils visitent les lieux, accompagnés d’un guide.