La collectionneuse française Diane Venet a un faible pour les bijoux d'artistes. Sa collection hors du commun est exposée au Musée des Arts Décoratifs à Paris jusqu'au 8 juillet.
Diane Venet, pourquoi est-on fou de rubis, de diamants et pierres précieuses ?
Les femmes au fond, ont un goût très classique. Si vous êtes née dans une famille d'aristocrates et que vous avez vu votre mère et grand-mère porter de tels bijoux, cela vous paraît tout à fait naturel. Il y a aussi des jeunes femmes issues de la classe moyenne qui veulent ressembler à celles de l'aristocratie. Elles rêvent d'un mariage en robe blanche et d'un diamant au doigt. Et puis, il y a des femmes qui ont sans doute une personnalité plus affirmée et qui recherchent l'originalité. Vous savez, c'est drôle, mais moi, quand je porte de tels bijoux à un évènement mondain, la plupart du temps personne ne me demande ce que c'est. Ces femmes-là possèdent toutes des diamants et personne ne me demande ce que je porte là.
La première pièce de votre collection était votre alliance. A quel moment avez-vous réalisé que vous étiez une collectionneuse ?
Cela a commencé avec Bernar. Puis un jour il m'a offert une pièce crée par ses amis César et Arman. Par la suite, il est devenu lui-même un artiste reconnu et j'ai alors ressenti le besoin de mener un projet qui m'était propre. Je n'avais jamais constitué de collection auparavant. Je ne suis pas collectionneuse dans l'âme, comme les gens qui collectionnent depuis leur tendre enfance. Je suis curieuse, je m'intéresse à beaucoup de choses. C'est ma première collection. Et elle a ses limites -au niveau des finances et de la connaissance. Je n'y consacre pas tout mon temps. Elle a commencé petit à petit et elle s'enrichit de plus en plus parce qu'aujourd'hui je trouve des ventes aux enchères intéressantes sur internet.
Votre collection compte des pièces de Picasso, Man Ray, Jeff Koons et Niki de Saint Phalle. Pourquoi la création de bijoux fascine-t-elle autant les artistes ?
C'est un vrai défi. Comment créer quelque chose de tout petit qui vous représente sans être pour autant une miniature de votre travail ? C'est un challenge, un jeu. ainsi chaque bijou a sa propre histoire.
Vous appelez votre collection un musée intime.
Oui, car il s'agit d'oeuvres d'art. De mini-oeuvres d'art qui ne sont pas des miniatures de l'oeuvre de l'artiste mais qui portent sa griffe. Bernar, par exemple, a crée quasiment tous ses bijoux pour moi. Chaque pièce correspond à une période particulière de son oeuvre. Je possède une collection de bijoux complète et représentative des Indeterminate Lines, Arcs, Angles et des Straight Lines qui ont composé son vocabulaire artistique ces dernières années.
Les collectionneurs de bijoux d'artistes sont pourtant étonnamment rare.
Très rares, mais leur nombre augmente. Au début, j'achetais beaucoup dans les ventes aux enchères. Maintenant c'est devenu très cher. J'ai probablement contribué à la construction de ce marché. Actuellement, il y a une collectionneur chinois qui n'a pas de limite d'argent. D'ici peu, il aura la plus belle collection au monde ! Les pièces d'Alexander Calder se vendent aujourd'hui à 300 000 et 400 000 dollars. C'est au dessus de mes moyens.
Source : GG - édition Juin/Juillet/Août 2018