Tenter de se faire un prénom au cinéma quand on s’appelle Belmondo est un défi. Il le sait mieux que personne. Victor Belmondo a 27 ans, l’âge qu’avait son grand-père lorsqu’il tourna À bout de souffle de Jean-Luc Godard qui allait lui ouvrir les portes en grand. Lui a triomphé au printemps en tenant le premier rôle de Envole-moi, de Christophe Barratier.
Un feel good movie dans les règles où il tient le rôle d’un fils à papa tête à claques que papa justement (Gérard Lanvin), médecin, tente de remettre dans le droit chemin en le sommant de s’occuper d’un jeune garçon malade. Une très jolie comédie avec un air d’Intouchables, qui amuse et émeut, en révélant Belmondo Jr. Ce garçon a tout.
Pour autant, son nom n’a pas suffi au départ, il lui a fallu passer des essais, comme les copains. « J’en ai passé quatre avant que Christophe Barratier ne m’accorde sa confiance. Ce sont des moments intenses où l’on rêve en secret en attendant que le téléphone sonne… Et après on pleure, de joie ! » Son père Paul est sorti « très ému » de la projection confie Victor. « Je lui dois beaucoup », dit-il, tout comme il doit à son grand-père dont il a suivi le conseil de passer son bac d’abord.
Victor connaît bien la filmographie de Bebel. Si on lui proposait de tourner le remake d’un de ses films ? « Sans hésiter, Un singe en hiver ! Et je convaincrais le producteur de donner le rôle de Jean Gabin à Xavier Beauvois », dit-il. En 2017, Victor avait été l’assistant du réalisateur sur Les gardiennes, avec Nathalie Baye. L’an dernier, le même Beauvois l’a dirigé dans Albatros avec Jérémie Renier qui sortira en novembre. « Avec Xavier, nous sommes devenus amis, il me prodigue mille conseils, me pousse à préférer l’instinct à la technique, à ne pas intellectualiser les situations de jeu, mais à les vivre. Il faut dire qu’il est aussi un excellent acteur à l’occasion » ajoute Victor.
Tombé dans le cinéma quand il était petit — tenant un petit rôle à dix ans dans un court-métrage dont son père était la vedette — Victor a déjà une culture cinématographique considérable grâce, dit-il, « à la collection de DVD que possédaient mes parents, riche notamment de l’intégrale Martin Scorsese. Ma passion cinéma a commencé à se forger là, j’ai beaucoup appris avec Taxi Driver, Raging Bull... ». Victor a mené une scolarité, disons « chaotique » à Vaucresson où il a grandi.
« Je me suis fait virer de trois lycées, avant de finir dans le privé au Chesnay, où je me suis un peu calmé » dit-il amusé. Son bac littéraire en poche, il a commencé à découvrir les textes classiques et le plaisir de les déclamer durant les ateliers. À la suite, il s’inscrit à l’ESEC, une école de cinéma où il apprend de chaque poste technique, tout en suivant des cours de comédie. Cumuler les deux était cependant « complexe » et sans rien dire à personne il refuse de s’examiner. Là encore, l’expérience grand-paternelle a influé. « J’ai préféré mettre toute mon énergie directement dans les castings ».
Dans tous les cas, l’environnement familial de Victor est un plus. Sa double culture italienne et française est une richesse qui le « nourrit » au propre comme au figuré. Sa mère Luana, cuisinière bien connue, est sa première fan. « Je parle italien et à terme j’aimerais comme Jean-Paul tourner un jour là-bas ». Victor a deux frères. Son ainé, Alessandro, a suivi les pas maternels et dirige aussi les cuisines du restaurant Caillebotte. Quant au benjamin des Belmondo, batteur émérite, il se réserve encore sur son avenir, bien que suivre Victor le motive : « il a aussi fait l’ESEC, mais semble vouloir se spécialiser dans la production ». À quand un film avec deux Belmondo au générique ?