Broderie Organique : L'Art de Clémentine Brandibas, Tisseresse de la Nature

Après l’ENS Cachan, elle suit une formation à l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré à Paris, puis par une spécialité au crochet de Lunéville à l’école de broderie d’Art Lesage. Elle expose régulièrement lors de salons et a été invitée notamment à la prestigieuse Homo Faber à Venise, qui célèbre l’artisanat de luxe en Europe. Elle a été récompensée pour son travail par le prix de Jeune Création des Métiers d’Art et le prix régional des Ateliers d’Art de France.

Son travail est une invitation à la rêverie, cousue des mystères de la création et d’un soupçon de magie. Car personne n’a jamais imaginé la broderie de manière si sophistiquée. Inspirée par sa grand-mère couturière, Clémentine Brandibas n’hésite pas à ressusciter – voir à réinventer- des points oubliés : Point d’araignée, point corail, point de Boulogne… Elle brode selon une technique ancestrale, au tambour, à la main ou sur un métier à broder. 

L’artiste-brodeuse aime jouer des textures et des matières, notamment avec l’incrustation d’éléments parfois inattendus dans ses tableaux : Fil de pêche, nacre, papier aluminium, feuilles mortes, coquillages, cire, peinture, perles, dentelle, écailles, feuilles de rhodoïd (matière plastique transparente), pour créer des effets de relief et autres illusions d’optique. Et de pousser la technicité et la poésie encore plus loin en maniant la marqueterie de plumes sur soie ou sur papier. « La marqueterie de plumes est une technique originale et délicate que j'ai créée et développée en autodidacte. Il s'agit de teinture, découpe et collage de plumes sur différents supports, ce qui me permet de créer des surfaces texturées jouant beaucoup avec la lumière, et parfois la transparence. »

Ses sources d’inspiration sont étonnantes et donnent une véritable connotation d’exploration à ses recherches. « J’ai utilisé des plumes de martin pêcheur par le passé, mais dès que j'ai appris qu'il s'agissait d'une espèce protégée, j'ai arrêté de les intégrer à mes pièces. Depuis, j'essaie au maximum d'utiliser de préférence des plumes d'oiseaux d'élevage : coq, oie, dindons, etc. J’achète des plumes sur sites spécialisés qui garantissent l'origine et sont livrées avec certificats vétérinaire. Et puis je reçois des dons, je fais des trouvailles sur le terrain, en forêt, au jardin ou en voyage. »

Dans sa précieuse collection de matières naturelles,elle peut même ajouter des ailes de libellules ou des moustaches de chat à ses tableaux (attention, aucun animal n’est torturé par l’artiste). « J'ai deux chats qui perdent leurs moustaches régulièrement, et j'en trouve au sol, sur les tapis, plaids, etc. A force d'en parler autours de moi des personnes me font des dons de temps en temps. Mes récoltes, une fois transformées et sublimées, deviennent une palette de textures qui me permet de créer une expérience hypnotique et méditative. »

Son tableau « Constellations » est inspiré par le tableau « La nuit étoilée » de Vincent Van Gogh, « Révélations » par la neige et les haïkus. Son œuvre brodée à l’aiguille sur soie teintée « Ecumes », explorant la texture de l’océan, a été adaptée par la maison de papier peint Isidore Leroy en 2022. Son travail l’amène à collaborer avec des métiers artistiques très divers : avec un ébéniste et une créatrice de mode, pour qui elle a brodé des tiges de bois sur un kimono, avec la créatrice de masques Muriel Nisse ou de haute couture Yiqing Yin.

Esthétique et poétique, onirique, les tableaux de Clémentine Brandibas jouent avec les sens. Et c’est là tout l’art de la brodeuse d’art : réinventer, redessine;r et mettre en scène la matière comme personne