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Almine Rech-Picasso nous guide pour intégrer l’art dans nos intérieurs
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Après des études d’art, de cinéma et de littérature à la Faculté des lettres de Paris et à l’École du Louvre, Almine Rech-Picasso ouvre sa première galerie en 1989 dans le Marais, à Paris, avec une exposition inaugurale consacrée à James Turrell. En 1997, elle fonde la galerie qui porte aujourd’hui son nom. Présente à Bruxelles, Paris, Londres, New York, Shanghai et Monaco, celle-ci s’est imposée comme l’une des références majeures de l’art contemporain international. Avec son mari, Bernard Ruiz-Picasso, elle crée en 2002 la Fondation Almine et Bernard Ruiz-Picasso pour l’Art (FABA), dédiée à l’étude de l’œuvre de Picasso, au prêt d’œuvres d’art moderne et contemporain, ainsi qu’au soutien actif à la création actuelle.
Fidèle à une approche exigeante, Almine défend une scène artistique internationale, tout en accompagnant des artistes émergents et confirmés dans une dynamique de long terme. Sa vision, ancrée dans une grande liberté curatoriale, résonne autant dans les expositions de ses galeries que dans ses engagements à travers la fondation.
Pour cette nouvelle édition de notre Private Residences dédié à la Belgique, nous avons eu le privilège de rencontrer Almine Rech-Picasso dans sa galerie bruxelloise. Elle partage avec nous sa vision du lien entre art et décoration, ses conseils pour créer des intérieurs sensibles et les grandes tendances artistiques à suivre cette année


Comment percevez-vous le lien entre art et décoration intérieure?
L’art dialogue avec l’espace et la lumière pour créer une atmosphère unique. Intégrer une œuvre dans un intérieur ne consiste pas seulement à l’accrocher au mur, mais à imaginer son rapport avec l’architecture, les volumes et la manière dont elle capte ou diffuse la lumière. Une peinture, une sculpture ou une installation résonne plus ou moins bien avec son environnement.
Selon vous, quelles seront les grandes tendances artistiques de cette année?
L’art poursuivra son exploration des liens entre perception, espace et technologie. L’héritage d’artistes comme James Turrell, qui travaillent sur la lumière et l’immersion sensorielle, continuera d’influencer de nombreux créateurs. On observe toujours un intérêt croissant pour des installations qui engagent physiquement le spectateur, jouant sur la transparence, les reflets et les changements intéressants d’échelle. Parallèlement, le retour aux matériaux bruts et aux techniques artisanales s’affirmera, avec une attention particulière portée aux textures, aux finitions et à l’interaction entre l’œuvre et son environnement. Ces tendances traduisent un besoin de connexion entre le tangible et l’immatériel, où l’espace et la lumière deviennent des médiums à part entière.
Pensez-vous qu’une œuvre d’art puisse influencer le choix ou l’atmosphère d’une propriété?
Absolument. Une œuvre d’art ne se contente pas d’habiller un mur, elle redéfinit l’espace et en modifie sa perception. Le Corbusier et Günther Förg ont montré, chacun à leur manière, comment la couleur et l’art peuvent dialoguer avec l’architecture. Förg, avec ses peintures murales, intégrait directement l’art à l’espace construit, tandis que Le Corbusier considérait la couleur comme un élément structurant de l’architecture. La place d’une peinture, la présence d’une installation immersive ou encore le dialogue d’une sculpture avec les volumes transforment profondément la manière dont on ressent un espace.
Quels conseils donneriez-vous pour intégrer l’art dans un intérieur et en faire un lieu vraiment personnel?
Il est essentiel de choisir des œuvres qui résonnent avec soi plutôt que de chercher à suivre une tendance. Un intérieur reflète une sensibilité. L’accrochage est aussi un élément clé : une œuvre ne se vit pas de la même manière selon qu’elle est isolée ou intégrée dans un ensemble plus large. Il ne faut pas hésiter à jouer avec les contrastes, entre ancien et contemporain par exemple. Enfin, la lumière est fondamentale : un éclairage peut révéler des détails insoupçonnés et amplifier la présence d’une œuvre dans un espace, mais également un éclairage qui est celui du lieu, sans être étudié par rapport aux œuvres accrochées, est intéressant aussi car tout s’y intègre naturellement.
Quels sont, selon vous, les premiers gestes à poser pour intégrer de l’art avec justesse dans un nouvel intérieur?
Il me semble qu'observer comment la lumière évolue dans l’espace au fil de la journée permet de choisir les emplacements les plus pertinents pour les œuvres. Une pièce forte, bien placée, peut structurer une atmosphère.
Et enfin, quel est selon vous « l’objet qui change tout » dans un intérieur?
Une œuvre d’art. Une peinture, une sculpture ou même un dessin a le pouvoir de transformer un espace, de lui donner une profondeur, une âme. Cela crée également un dialogue avec le design, l’architecture et l’environnement qui l’entoure. Le choix de mobilier ou d’objet de design peut magnifier l’œuvre d’art et inversement. C’est ce qui ancre un lieu dans une histoire et le rend unique.
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