Immortaliser l'éphémère : l'art botanique de Duy Anh Nhan Duc

Son envie : « reconnecter à un instant de notre vie où nous cultivions encore ce lien privilégié avec la nature ». Car il y a en latence dans les œuvres de Duy Anh Nhan Duc ce lien fragile au temps qui passe, de la courte vie d’une fleur ou d’une plante, de l’apogée de sa beauté jusqu’à son déclin, de ces cycles qu’on aimerait parfois pouvoir arrêter...
Pour se consoler, l’artiste fige les plantes à tout jamais. Il enferme les fleurs dans des ballons gonflables, les œufs se parent d’épines de rose, les bouquets sont encapsulés, immortalisés dans la résine, les graines d’érables sont repeintes en or, les écorces et lichen sont transformés en fresque ou en mandalas. On s’étonne de leur pérennité malgré leur fragilité.

Alchimiste du naturel, il recrée de nouvelles curiosités végétales graciles, des installations immersives ou tableaux à partir de ces œuvres divines qui le fascinent…

« Les créations que j’imagine mettent en lumière des végétaux que nous connaissons tous, mais que parfois nous ne regardons plus, » dit-il. De fait, ses expérimentations végétales sont de vraies curiosités. Il installe des milliers d’aigrettes de pissenlits en suspension. C’est sa « kryptonite », qui évoque en lui « toute la beauté du monde et en même temps sa grande fragilité. Symbole de liberté et de nature indomptée, cette plante fleurit sur la quasi-totalité de la planète. Devant elle, on est rattrapé par un plaisir simple de l’enfance, celui de souffler dessus pour faire un vœu et voir s’envoler ses milliers d’aigrettes. »

Avec ces œuvres qui défient le temps et la gravité, le plasticien immortalise aussi l’excellence des créations de la nature, réinvente le langage d’une fleur. Les œuvres de l’artiste ont essaimé au musée Guimet, où il a inventé un parloir des souhaits, au centre d’art Le Cent-Quatre à Paris, à Chaumont sur Loire ou durant Homo Faber à Venise, prestigieux salon dédié aux métiers d’art contemporains, ainsi qu’à Arles, au Domaine des Etangs à Massignac, en pleine nature, et jusqu’en Chine.

Il a participé à de prestigieuses collaborations avec les marques de champagne Roederer mais aussi Guerlain, Hermès ou Christian Dior et a signé une œuvre monumentale de 100m2 pour la gare de La Courneuve-Six Routes dans le cadre de la commande publique du Grand Paris Express, inaugurée pour les Jeux Olympiques de 2024, en tandem avec les architectes Chartier-Dalix. Le projet de cette œuvre est présenté à l’exposition « Métro ! Le Grand Paris en mouvement » à la Cité de l’Architecture à Paris jusqu’au 2 juin 2024.
L’artiste présentera une carte blanche autour des arbres à l’Espace Richaud, l’ancien hôpital royal de Versailles du 25 octobre 2024 au 5 janvier 2025 : Sculptures monumentales en bois, empreintes d’écorces, toiles réalisées à partir de pigments de feuilles, de fruits et de graines, fresques de terre forestière…