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Rencontre de haut vol avec Mathieu Forget

Mathieu Forget alias Forgetmat semble éternellement suspendu entre ciel et terre. Celui que l’on surnomme « L’homme volant » multiplie les arts, tour à tour danseur, photographe et directeur artistique, pour donner vie à des clichés surréalistes. À l’occasion de sa collaboration avec Paris 2024, cet ex-sportif de haut niveau défie les lois de la gravité à la rencontre des athlètes et des lieux qui écriront demain l’histoire des Jeux olympiques en France.
Chez les Forget, le sport est une histoire de famille. Comment a-t-il rythmé votre vie ?
Au-delà de la carrière professionnelle de mon père, ma mère a également joué au tennis et mes deux grands-pères étaient professeurs de cette discipline. J’ai moi aussi suivi cette voie… en tout cas au début ! J’ai atteint un très haut niveau, et j’ai terminé champion de France 3e série en gagnant Roland-Garros. Au départ, je jouais sur- tout par plaisir, et ce sport a pris de l’importance lorsque j’ai découvert la danse à 16/17 ans. J’ai eu une révélation pour le hip-hop, et j’ai compris que je voulais partir aux États-Unis pour vivre mon rêve et danser aux côtés des stars que j’admirais. C’est le tennis qui m’a permis d’avoir une bourse universitaire pour étudier là-bas : danse, cinéma, jeu d’acteur... J’y ai appris tout ce qui me sert aujourd’hui dans mon métier. Lorsqu’il m’a fallu choisir, plutôt que de partir sur le circuit professionnel, j’ai suivi la voie du cœur, la voie artistique. Je ne regrette pas, mais je suis curieux de savoir ce que j’aurais pu accomplir. À la place, j’ai continué à me former et je me suis confronté à la réalité du show-business, de la danse, des castings de cinéma… Dans le sport, on perd ou on gagne, il n’y a pas d’autre chemin. Alors qu’à partir du moment où l’on rentre dans le milieu artistique, il y a le travail, le talent, le réseau…
Comment cet héritage sportif prend-il vie dans votre art ?
Tous les artistes qui ont marqué le temps ont retranscrit dans leurs œuvres des thématiques qui leur étaient chères. Le mouvement a toujours fait partie de moi, au départ avec le sport, puis avec la danse. Et plus jeune, ce qui me fascinait, c’étaient ces personnes qui s’élançaient, qui arrivaient à faire des sauts, des saltos, des vrilles… Il y a un côté surhumain. C’est ce qui nourrit mon inspiration depuis toujours et qui a donné vie à ces photos un peu atypiques, cet univers de l’homme dans les airs. Je n’en suis encore qu’à mes débuts, mais c’est l’histoire que j’ai envie de continuer à raconter.

Quelles sont, selon vous, les similitudes entre un artiste et un sportif ?
Mon grand-père disait qu’un artiste est quelqu’un qui sublime son talent pour l’élever au rang d’art. Ce qu’ont fait Roger Federer et Rafael Nadal pour le tennis, ou encore Yannick Alléno pour la cuisine. Ce sont des personnes qui excellent dans leurs disciplines et qu’ils les rendent faciles, légères, aériennes. Les plus grands artistes ont la même rigueur que les athlètes : des heures de travail, des sacrifices, de l’organisation…
Votre visibilité médiatique ne fait que croître, particulièrement depuis la réalisation de vos œuvres pour les Jeux olympiques Paris 2024. Pouvez-vous revenir sur cette collaboration et sur votre concept « Faire voler le sport » ?
À mon retour en France après la pandémie, mon travail a commencé à être de plus en plus médiatisé, et c’est à ce moment-là que Paris 2024 m’a contacté. Ils avaient connaissance de mon passé de sportif de haut niveau, et ont été séduits par la manière dont je mélangeais l’art et l’aspect athlétique requis pour faire mes sauts signature. Je ne savais pas où tout cela allait me porter, mais j’ai saisi cette opportunité, car faire une série sur le sport me permet avant tout de raconter mon histoire. « Faire voler le sport » regroupe tout cela. Nous avons donc commencé par la tournée des sites olympiques afin que j’immortalise chacune des localités accueillant les épreuves des Jeux. C’est à cette occasion que j’ai rencontré des athlètes, et que j’ai voulu avoir plus de temps avec eux pour réfléchir à de nouvelles créations. J’ai reçu des demandes de certains, j’en ai contacté d’autres directement… Parfois, ce sont les lieux qui m’invitent à utiliser leurs espaces. J’ai des idées, mais je me laisse aussi guider par ce que la vie peut m’apporter.
Comment parvenez-vous à vous imprégner de ces sports que vous ne connaissez pas ?
L’important pour moi dans ces projets, c’est de sortir de ma zone de confort. Je vais à la rencontre de nouveaux univers sportifs, artistiques, créatifs… La pratique de la danse, qui est très polyvalente, me permet d’avoir une maîtrise du corps qui s’installe très rapidement. Tous les grands athlètes arrivent très facilement à s’adapter aux autres disciplines.

Vous avez également proposé, à travers une série de cinq clichés, une réinterprétation des anneaux olympiques. Quelle a été la réflexion créative derrière cette œuvre ?
À travers la série 2.0.2.4 j’ai voulu mettre en avant des sports que l’on n’a pas l’habitude de voir, comme le tir à l’arc ou le javelot. On pense tout le temps au football ou au tennis qui sont très médiatisés, alors que, les Jeux olympiques sont l’occasion de mettre en lumière des disciplines qui le sont moins. C’est ce qui m’a servi d’inspiration. Étant diplômé d’un bachelor en design de costume de théâtre, j’ai également accordé une grande importance au stylisme. Une création artistique cache beaucoup de choses. Lorsque l’on voit un tableau, on peut penser : « C’est juste un trait », mais chaque coup de pinceau, chaque outil utilisé a son importance. Il y a beaucoup de petits détails qui rendent l’œuvre jolie, et c’est aussi le cas dans mon travail.
Parmi ces clichés sportifs, y en a-t-il un qui vous tient particulièrement à cœur ?
Ils sont tous uniques en leur genre, mais ce sont souvent les premiers d’une série qui marquent davantage. Celui avec l’escrimeur Enzo Lefort est spécial, car il s’agissait de la première collaboration avec un athlète. Enzo m’a prêté quatre heures de son temps, et c’était une expérience incroyable. J’aime également la photo au Vélodrome, prise au début de la tournée des sites olympiques, où j’essaie d’attraper le vélo de Florian Grengbo. Celle à Roland-Garros me tient aussi beaucoup à cœur, car je suis retourné sur le court Philippe-Chatrier et j’ai fait une chorégraphie où j’ai joué contre moi-même.

Si vous aviez la possibilité de réaliser une collaboration avec le sportif de vos rêves, qui choisiriez-vous ?
J’adorerais travailler avec de grands joueurs de football français comme Kylian Mbappé ou Olivier Giroud. C’est un sport que je ne connais pas très bien, donc ça serait un beau challenge pour moi. Ayant longtemps vécu à l’étranger, faire un partenariat avec le basketteur Lebron James serait aussi un rêve. En 2028, les Jeux olympiques auront lieu à Los Angeles, donc pourquoi ne pas imaginer la prochaine série avec des athlètes américains ?
Les Jeux olympiques approchent, allez-vous dévoiler de nouveaux clichés avec des sportifs ?
Je pense révéler entre 10 et 20 œuvres avant les Jeux olympiques. Mais les JO ne marqueront pas la fin de cette série. J’aimerais sortir un livre qui regroupera ces images d’ici quelques mois, tout en continuant à exposer dans toute la France et continuer de créer un point entre digital le réel. Mes photographies seront visibles à Rouen et à Bayonne de mi-juin à mi-septembre, et je travaille sur une collaboration avec les Musées de Paris pendant les Jeux. Le but est de pouvoir rencontrer les gens et de faire découvrir mon travail à ceux qui ne le connaissent pas. Et même si 2025 viendra certainement avec une nouvelle énergie, ce projet continuera à vivre !
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